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Page:Bréhier - Chrysippe, 1910.djvu/23

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vie de chrysippe.

maîtres, que naquit celui qui devait avoir pour idéal moral le cosmopolitisme.

Nous ne savons rien de l’époque qui s’écoule entre la naissance de Chrysippe et son arrivée dans l’école de Cléanthe. Nous ne pouvons prendre au sérieux la légende d’après laquelle Chrysippe exerçait le métier de coureur au long stade[1]. Cette légende ne s’accorde d’ailleurs nullement avec le récit d’Hécaton[2] d’après lequel c’est à la suite d’une confiscation de sa fortune au profit du trésor royal que Chrysippe s’adonna à la philosophie. Le fait lui-même qui n’est pas invraisemblable, étant données les habitudes des Ptolémées[3], paraît pourtant peu authentique ; c’est en effet un thème commun dans les vies des philosophes, et qui peut n’avoir été introduit qu’en manière d’édification.

Nous en savons un peu plus sur l’époque très longue pendant laquelle il fut le disciple plus ou moins fidèle de Cléanthe ; Cléanthe ne lui cède la direction du Portique qu’à sa mort en 232, et Chrysippe avait

  1. Diog. La., VII, 179 (Arnim, 1, 4). Les « dolichodromes » étaient des hommes de métier soumis à un entraînement rigoureux et qui étaient en général originaires de Crète (Daremberg et Saglio, Diction. des Antiqu. gr., art. « Currus », p. 1643) ; ceci fait un singulier constraste avec l’aspect misérable de la personne de Chrysippe (τὸ σωμάτιον εὐτελής. Diog. Laërce, VII, 182 ; Arnim, II, 2,5). Une légende analogue sur Cléanthe (Diog. La., VII, 168 ; Arnim, I, 103, 4) suffit d’ailleurs pour rendre la nôtre suspecte.
  2. Apud Diog. La., VII, 182 ; Arnim, VII, 2, 3.
  3. Notamment en Chypre ; cf. la confiscation de l’année 312 rapportée par Diod. Sic. (XIX, 79, 4).