cusait même de les détourner des affaires sérieuses, d’encombrer leur esprit de billevesées et de faire d’eux des citoyens inutiles[1] ; et c’est l’antiquité encore qui inventa les armes dont les sceptiques se servent contre la philosophie[2]. Et pourtant malgré ces critiques, elle renaît toujours, comme si elle était un aspect nécessaire de cette civilisation occidentale qui, née dans le bassin de la Méditerranée, s’est propagée dans les pays soumis à l’influence gréco-romaine ; cette œuvre de réflexion, qui n’a pas sa parente dans les grandes civilisations de l’Orient et de l’Extrême-Orient, paraît être lié à un caractère foncier du génie occidental. Elle s’est développée de pair avec les deux grands mouvements spirituels caractéristiques des héritiers de la civilisation hellénique : le christianisme et les sciences positives : à peine éclipsée au moment des invasions barbares, elle a fleuri dans la chrétienté médiévale avec un éclat que l’histoire de cette période nous révèle de mieux en mieux ; dans les trois siècles qui ont précédé le nôtre et qui sont ceux des sciences positives, la philosophie a connu de Descartes à Kant et à Bergson quelques-uns des plus prodigieux génies de l’époque moderne. Quant
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