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à notre époque, la production philosophique n’a jamais été plus variée ni plus touffue. Depuis les travaux de logique très abstraite nés de la réflexion commune des mathématiciens, des physiciens et des logiciens, jusqu’aux recherches extrêmement concrètes sur la nature humaine dans l’existentialisme, elle a une gamme de pensée très étendue ; le projet de ces causeries est de la parcourir, et de montrer sa signification universelle.

Mais auparavant (et ce sera le sujet de ma causerie d’aujourd’hui), je voudrais, à titre d’introduction montrer la raison générale de cette permanence séculaire de la philosophie.

On a toujours donné à la connaissance deux significations différentes : on la conçoit tantôt comme un progrès intérieur à nous-mêmes, tantôt comme un accroissement de notre pouvoir sur les choses. La première conception est celle de Platon, qui l’expose d’une manière mythique ; il imagine que l’âme a vécu avant la vie terrestre dans un monde divin où elle contemplait les réalités véritables que sont les idées ; elle jouissait alors d’une vie bienheureuse et parfaite en compagnie des dieux ; mais elle a perdu ses ailes, et elle est tombée sur la terre ; elle a pourtant un sourd désir de retrouver son état parfait, et ce désir d’agrandir son être se manifeste par la connaissance scientifique qui