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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome I.djvu/116

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AURORA FLOYD

avait toujours du plaisir à entendre parler de lady Bulstrode.

— Cette lettre contient naturellement très-peu de nouvelles, — ajouta Talbot, — car il est rare qu’il y ait beaucoup de choses à raconter à Bulstrode. Et cependant… oui… elle renferme une nouvelle qui vous concerne.

— Qui me concerne ?

— Oui ; vous vous souvenez de ma cousine, Constance Trevyllian ?

— O… u… i…

— Elle est de retour de Paris, où elle a enfin achevé son éducation ; c’est, je crois, une personne accomplie maintenant ; et elle est allée passer la Noël à Bulstrode. Grand Dieu !… Aurora !… qu’y a-t-il ?…

Pas grand’chose en apparence. Son visage était devenu aussi blanc qu’une feuille de papier à lettre ; mais la main qu’elle appuyait sur le bras du jeune homme ne tremblait pas. Peut-être, s’il y eût fait tout particulièrement attention, il l’aurait trouvée plus calme que cela n’était naturel.

— Aurora, qu’y a-t-il ?

— Rien. Pourquoi me demandez-vous cela ?

— Votre visage est pâle comme…

— C’est le froid, je suppose… — dit-elle en frissonnant. — Parlez-moi de votre cousine ; cette Mlle Trevyllian, depuis quand est-elle au château de Bulstrode ?

— Elle a dû y arriver avant-hier. Ma mère l’attendait lorsqu’elle a écrit sa lettre.

— Est-elle dans les bonnes grâces de lady Bulstrode ?

— Non, pas particulièrement. Ma mère l’aime assez ; mais Constance est une jeune fille trop frivole.

— Avant-hier ?… — dit Aurora ; — Mlle Trevyllian a dû arriver avant-hier ?… les lettres venant du pays de Cornouailles sont distribuées à Felden de bonne heure dans l’après-midi, n’est-ce pas ?

— Oui, chère.

— Vous recevrez une lettre de votre mère aujourd’hui, Talbot ?

— Une lettre aujourd’hui ! Oh ! non, Aurora, elle n’écrit