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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome I.djvu/277

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AURORA FLOYD

plus pauvres hommes de la chrétienté. Et à présent tu me fais attendre pendant que tu prends les numéros des billets : pas un seul probablement ne sera changé dans ce pays.

— J’ai appris à avoir de l’ordre étant très-jeune, Aurora, — répliqua Floyd, — et je n’ai point perdu mes anciennes habitudes.

Il accomplit cette besogne en dépit de l’impatience de sa fille, et lui donna les paquets de billets lorsqu’il eut terminé.

— Je garderai la liste des numéros, ma chère, — dit-il ; — si je te la donnais, tu pourrais la perdre.

Il plia la feuille de papier, et la plaça dans un tiroir de son bureau.

— Dans vingt ans d’ici, Aurora, — dit-il, — si je vivais jusque-là, je serais à même de reproduire ce papier s’il en était besoin.

— Ce qui ne sera jamais, cher et méthodique père, répondit Aurora ; mes chagrins sont terminés à présent.

Elle enlaça le cou de son père avec ses bras et l’embrassa avec tendresse.

— Il faut que je te quitte, mon très-cher père, aujourd’hui, dit-elle ; il ne faut pas me demander pourquoi… il ne faut rien me demander ! Tu n’as pas autre chose à faire qu’à me chérir et avoir confiance en moi… comme fait mon pauvre John, franchement, sans-arrière pensée, envers et contre tous.

FIN DU TOME PREMIER