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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome I.djvu/5

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AURORA FLOYD

CHAPITRE I

Comment un riche banquier épousa une actrice.

Les faibles rayons d’une lueur rougeâtre éclairent çà et là les épais ombrages des bois du Kent. Le doigt vermeil de l’automne s’est légèrement posé sur le feuillage, — avec cette sobriété de touche que déploie un peintre lorsqu’il se sert de ses plus brillantes couleurs pour parachever son tableau : mais le soleil, qui se couche dans toute la majesté qu’il conserve encore au mois d’août, dore le paisible paysage et l’embrase de sa splendeur.

Les bois environnants, les luxuriantes prairies, les étangs calmes et limpides, les haies coquettement taillées, les routes unies et sinueuses ; les sommets des collines se fondant au loin dans l’horizon empourpré ; les chaumières apparaissant comme des points blancs à travers le feuillage qui les enveloppe ; les auberges isolées au bord de la route avec leurs toits de chaume brunis et les souches moussues de leurs cheminées ; les nobles manoirs cachés derrière des chênes centenaires ; les petites maisons gothiques ; les chalets rustiques à la mode suisse ; les portails soutenus par des colonnes et surmontés d’écussons sculptés dans la pierre, qu’enlacent de gracieuses guirlandes de lierre ; les églises de village, les élégantes écoles, enfin tout ce qui compose