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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/105

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AURORA FLOYD

— À un malheur ; je ne puis me l’expliquer autrement. Le chemin qui traverse le parc sert de passage public, et l’on sait que toute la propriété est infestée de braconniers. Il était plus de dix heures quand on a entendu la détonation. J’imagine que le coup a été tiré par un braconnier que ses yeux ont trompé dans l’obscurité.

Le coroner secoua la tête.

— Vous oubliez, monsieur Mellish, — dit-il, — que la blessure qui a causé sa mort n’était pas celle que fait ordinairement la balle d’un fusil. La détonation entendue était celle d’un pistolet, et l’entraîneur a été tué par une balle de pistolet.

Mellish garda le silence. Il avait dit de bonne foi quelle était son impression relativement à la cause de la mort de l’entraîneur. Dans l’horreur et la confusion des deux derniers jours, les détails secondaires du terrible événement lui avaient échappé.

— Connaissez-vous quelqu’un, parmi les gens de votre maison, capable de commettre une violence de cette sorte ? — demanda le coroner. — Avez-vous dans votre maison quelqu’un qui soit d’un caractère particulièrement vindicatif ?

— Non, — répondit John d’un ton décidé ; — je puis répondre de mes domestiques comme je répondrais de moi-même. Aucun d’eux ne connaissait cet homme. Quels motifs pouvaient-ils avoir pour vouloir sa mort ?

Hayward se frotta le menton et parut réfléchir.

— Il y avait ce vieil entraîneur dont vous parliez tout à l’heure, monsieur Mellish, — dit-il, — je sais parfaitement que la place d’entraîneur chez vous est une excellente position. Un homme peut mettre de côté beaucoup d’argent en dehors de ses gages et du casuel chez un maître comme vous. Cet ancien serviteur a pu ne pas aimer à se voir remplacé par le défunt, il a pu éprouver de l’animosité contre son successeur.

— Langley ! — s’écria Mellish ; — c’est le meilleur homme que la terre ait jamais porté. Il n’a pas été remplacé ; il a de lui-même renoncé à son poste chez moi, et