lettre la direction de John ; car ce n’était qu’arrivé dans Piccadilly, que Mellish les avait perdus de vue au milieu d’autres voitures qui allaient et venaient dans ce quartier si fréquenté.
Talbot et Lucy reçurent leurs visiteurs dans un joli petit salon. Le jeune mari et sa femme avaient passé ensemble une journée tranquille ; ils étaient allés à l’église le matin, et l’après-midi ils avaient dîné seuls, et, assis maintenant dans une demi-obscurité, ils causaient confidentiellement. Bulstrode était très-scrupuleux sur l’emploi du dimanche, et John avait quelque raison de se croire tout particulièrement privilégié, d’autant plus qu’on avait permis que les chevaux sortissent de l’écurie pour son service ; sans parler du groom, qui n’avait pas occupé son banc à la chapelle à la mode, afin d’accompagner John et Aurora à Felden.
La petite société veilla assez tard ; Aurora et Lucy causaient affectueusement ensemble, côte à côte, sur un sofa dans l’ombre, tandis que les deux hommes étaient accoudés à la fenêtre ouverte. John racontait à son hôte son histoire de la journée, sans oublier de parler de l’homme qui lui avait demandé le chemin de Londres.
Chose étrange à dire, Bulstrode semblait prendre un intérêt tout particulier à cette partie du récit. Il fit plusieurs questions au sujet des deux hommes. Il demanda de quoi ils avaient l’air, ce qu’avait dit l’un, ce qu’avait dit l’autre, et fit beaucoup d’autres questions qui semblaient également vulgaires.
— Donc, ils vous ont suivi en ville, John ? — dit-il pour finir.
— Oui ; je ne les ai perdus de vue que dans Piccadilly, cinq minutes avant que je tournasse le coin de la rue.
— Pensez-vous qu’ils eussent quelque motif pour vous suivre ? — demanda Talbot.
— Mais je suis porté à le croire ; ils prenaient des informations, sans doute. L’homme qui m’a adressé la parole avait assez l’aspect d’un maquignon. J’ai entendu dire que lord Stamford s’inquiétait fort au sujet de mon jeune