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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/211

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AURORA FLOYD

et demie, une heure plus tard que celle fixée d’ordinaire pour le lunch à Mellish.

— J’ai passé toute la matinée à l’écurie, — dit-il ; — nous sommes occupés de nos préparatifs pour les courses d’été d’York.

— Quels chevaux faites-vous courir ? demanda Bulstrode, affectant par politesse de s’intéresser à un sujet qui lui était complétement indifférent, dans l’espoir que cette causerie sur l’écurie réveillerait peut-être John de son apathie.

— Quels chevaux ? — répéta Mellish vaguement ; — je… je le sais à peine. Langley arrange tout cela pour moi, vous savez. J’ai… j’ai oublié les noms des chevaux qu’il a proposés, et…

Bulstrode se retourna tout à coup vers son ami et le regarda fixement. Pendant ce temps, ils avaient quitté l’écurie et se trouvaient dans un sentier ombragé qui conduisait à la maison, à travers des taillis.

— Mellish, — dit-il, — ce n’est pas bien avec un ancien ami. Vous avez quelque chose dans l’esprit et vous cherchez à me le cacher. John détourna la tête.

— Oui, Talbot, — dit-il tranquillement. — Si vous pouviez m’aider, je vous aurais demandé votre secours plutôt qu’à qui que ce soit. Mais vous ne le pouvez pas… vous ne le pouvez pas…

— Mais supposez que je croie pouvoir vous aider, s’écria Bulstrode. Supposez que je veuille essayer de le faire, que vous le vouliez ou non ? Je devine ce qui vous inquiète, John ; mais j’ai pensé que vous seriez assez honnête homme pour ne pas vous occuper de cela. J’ai pensé que vous étiez justement la sorte d’homme qu’il fallait pour lutter noblement et bravement et sortir de tout cela par la force de votre volonté.

— Que voulez-vous dire ? — s’écria Mellish. — Vous pouvez deviner… vous savez… vous croyez ! Ne voyez-vous donc pas que je suis presque fou, et qu’il n’est plus temps de m’imposer votre amitié ? Avez-vous besoin que je me trahisse ? Désirez-vous que…