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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/23

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AURORA FLOYD

qui attendait avec respect le bon plaisir de son maître et le surveillait comme il l’avait surveillé toute la journée, à la dérobée, mais continuellement. — Je passerai la soirée à Doncastre, et… et… je verrai si je puis recueillir quelque chose sur les courses de septembre ; non qu’il y ait quelque chose qui en vaille la peine, parmi ce tas de je ne sais qui.

Puis il ajouta, avec un mépris non déguisé pour les écuries si chères du pauvre John :

— Y a-t-il ici une voiture, une carriole quelconque que je puisse conduire ?

Hargraves répondit qu’il y avait une victoria qui était réservée pour Mellish, et un gig à la disposition des domestiques supérieurs lorsqu’ils voulaient aller à Doncastre, ainsi qu’un char à bancs couvert que les garçons emmenaient à la ville tous les jours pour les provisions nécessaires à la maison.

— Très-bien, — répondit Conyers ; — cours aux écuries et dis à l’un des garçons d’atteler le meilleur poney à la victoria, de l’amener ici, et de marcher droit.

— Mais personne autre que M. Mellish ne se sert de cette voiture, — hasarda l’idiot avec un accent de frayeur.

— Qu’est-ce que c’est, chien de poltron ? — s’écria l’entraîneur d’un ton de mépris. Je m’en servirai ce soir, entends-tu ? Le diable emporte son insolence ! Dois-je être humilié par lui ? C’est sa charmante femme qui le rend si orgueilleux, n’est-ce pas ? Que le diable !… À qui appartenait l’argent qui a servi à acheter le char à bancs ? À Aurora Floyd, sans doute ; et je ne dois point m’en servir, parce que c’est le plaisir de mon seigneur de promener sa dame dans cette voiture sacrée. Écoute ici, idiot sans cervelle, et comprends-moi, si c’est possible ! cria Conyers dans un soudain état d’exaspération qui empourpra sa jolie figure et illumina ses yeux indolents d’un feu nouveau. Écoute ici, Hargraves ; si ce n’était que j’ai pieds et poings liés, et si je n’avais été dupe de la ruse d’une femme, je pourrais fumer ma pipe dans cette propriété et dans une plus belle encore aujourd’hui.

Il désignait du doigt le toit à pignons et les croisées