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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/233

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AURORA FLOYD

CHAPITRE XXXVII

Le bouton de cuivre de Crosby, de Birmingham.

Matthew Harrison et le Capitaine Prodder prirent tous les deux un convenable repas à l’enseigne du Lapin bossu ; mais tandis que le marchand de chiens paraissait avoir une grande occupation dans le voisinage, occupation d’une nature mystérieuse, qui le tenait sur pied toute la journée et le renvoyait chez lui au coucher du soleil, fatigué et affamé, le marin, n’ayant rien autre chose à faire et de grands soucis, trouva que le temps lui pesait. Cependant, étant d’un caractère naturellement jovial et sociable, il s’installa comme chez lui dans ce singulier logis. Le Capitaine avait obtenu d’Harrison plusieurs informations concernant le secret du chagrin qui était venu fondre sur sa nièce. Le marchand de chiens avait connu Conyers dès son enfance, et son père, le beau cocher et le compagnon des nobles et des gentlemen de cette époque princière, où c’était un devoir pour la jeunesse aristocratique d’imiter les manières de M. Samuel Weller, l’aîné. Harrison avait connu l’entraîneur pendant sa courte et orageuse vie maritale et avait accompagné le premier mari d’Aurora dans un voyage à l’étranger, payé par les billets d’Archibald Floyd. Le sang de l’honnête Capitaine bouillonna quand il entendit la honteuse histoire de trahison et d’extorsion opérée sur l’ignorante pensionnaire. Oh ! comme il était prêt à venger les outrages faits à l’enfant de sa sœur ! Sa rage contre l’assassin redoubla, quand il se rappela comment Conyers avait échappé à sa vengeance.

Hargraves prit bien soin de se tenir éloigné du Lapin