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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/265

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AURORA FLOYD

fatigante et inutile promenade dans la ville, et il sortit la bouche pleine pour parler à Bulstrode. Mais il prit grand soin de ne pas dire que, depuis trois heures, son compagnon et lui n’avaient pas vu ni entendu parler d’Hargraves, et qu’en ce moment il n’était pas plus près de découvrir le meurtrier qu’il ne l’avait été à onze heures la nuit précédente, quand il avait découvert le premier propriétaire du gilet de fantaisie, ayant des boutons de Crosby, de Birmingham, dans la personne de Dawson, le jardinier.

— Je n’ai pas perdu une minute, monsieur, — dit-il en réponse aux questions de Talbot ; mon genre de travail est un travail tranquille, et ne paraît rien jusqu’à ce qu’il soit fait. J’avais raison de penser que l’homme que nous cherchons est à Doncastre ; ainsi, je reste à Doncastre jusqu’à ce que je mette la main dessus, à moins que je prenne des informations qui me poussent plus loin. Dites à M. Mellish que je fais mon devoir en conscience, monsieur, et que je ne boirai, ne mangerai, ne dormirai que juste ce qu’il faut pour soutenir la nature humaine, jusqu’à ce que j’aie fait ce que j’ai mis dans mon esprit de faire.

— Mais alors vous n’avez rien découvert de nouveau, — dit Talbot, — vous n’avez rien de neuf à me dire ?

— Ce que j’ai découvert n’est ni là ni ici pour le moment, monsieur, — répondit vaguement l’agent. — Prenez courage et dites à M. Mellish d’avoir confiance en moi.

Bulstrode fut obligé de se contenter de cette douteuse consolation. Ce n’était pas beaucoup, certainement, mais il se détermina à faire pour le mieux auprès de Mellish.

Il sortit de Doncastre, passa devant le Grand Cerf et les maisons aux blanches murailles des plus opulents citoyens de ce bourg prospère, et de là sur la douce montée du chemin. La défaillante lueur d’un pâle clair de lune qui se montrait de bonne heure éclairait le haut des arbres à droite et à gauche ; il laissa le faubourg derrière lui et fit le chemin comme s’il y avait eu un fantôme sous les sabots de son cheval. Il n’avait pas beaucoup d’espoir après son entretien avec Grimstone, il savait que les gens affamés de la constablerie de Doncastre avaient les yeux fixés sur tous