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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/54

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AURORA FLOYD

Une heure plus tard, Aurora descendit au salon dans une merveilleuse robe de soie paille ornée de volumineux falbalas de dentelle noire. Ses cheveux étaient relevés sur son front par un diadème et retenus avec trois étoiles en diamant que John lui avait achetées rue de la Paix, et qui étaient ingénieusement montées sur des petits ressorts invisibles, ce qui les faisait trembler à chacun des mouvements de sa charmante tête. Vous trouverez peut-être qu’elle avait fait des frais de toilette trop considérables pour recevoir un vieil officier de l’armée des Indes et un clergyman de campagne et sa femme ; mais si elle préférait les beaux atours aux mises simples, ce n’était pas par coquetterie, mais cela provenait plutôt d’un amour inné de splendeur et de prodigalité, qui était un des côtés de sa nature expansive. On lui avait appris à toujours se rappeler qu’elle était Mlle Floyd, la fille du banquier, et on lui avait appris en même temps à dépenser l’argent, comme si c’était une de ses obligations envers la société.

Mme Lofthouse était une gentille petite femme pâle avec des yeux couleur noisette. C’était la plus jeune fille du Colonel Maddison, et par sa naissance de beaucoup supérieure à cette pauvre Mme Mellish, qui, « vous savez, ma chère, n’était après tout que, etc., etc., » ainsi que le faisait remarquer Margaret Lofthouse à une de ses amies. Elle ne pouvait pas très-facilement oublier que son père était le frère cadet d’un baronnet, et s’était distingué d’une terrible manière en détruisant de nombreux Sikhs, dans l’extrême Orient, et elle trouvait qu’il était bien dur qu’Aurora possédât de si cruels avantages par l’insignifiant génie commercial de ses ancêtres de Glascow.

Mais comme il était impossible à des honnêtes gens de connaître Aurora sans l’aimer, Mme Lofthouse lui pardonnait de grand cœur ses cinquante mille livres, et la déclarait la plus charmante amie du monde entier ; tandis que Mme Mellish répondait généreusement à son affection et caressait la petite femme comme elle avait caressé Lucy, avec une condescendance superbe, et pourtant avec une affection semblable à celle que dut avoir Cléopâtre pour ses esclaves.