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HENRY DUNBAR

tant avec moi. D’un autre côté, quelque chose a pu lui arriver. Et pourtant, que diable a-t-il pu lui arriver ?

Le maître d’hôtel suggéra que Wilmot pouvait s’être trouvé malade ou s’être égaré après la tombée de la nuit et avoir rencontré quelque courant où il était tombé.

— Les endroits profonds ne manquent pas entre la cathédrale de Winchester et les Fougères, — dit le maître d’hôtel.

— Qu’on fasse des recherches demain matin au point du jour, — s’écria Dunbar. — Peu m’importe ce que cela me coûtera, je veux éclaircir ce mystère avant de quitter Winchester. Qu’on fouille partout d’ici aux Fougères dès qu’il fera jour, qu’on…

Il n’acheva pas sa phrase, car un bruit de voix et de pas se fit entendre tout à coup dans le vestibule au-dessous. Le maître d’hôtel ouvrit la porte et s’avança sur le large palier, suivi de Dunbar.

Le vestibule était envahi par les domestiques de l’hôtel et par des curieux qui arrivaient du dehors, et les deux hommes, debout, au sommet de l’escalier, entendirent un murmure qui semblait ne provenir que d’une voix, mais qui provenait en réalité d’un grand nombre de personnes qui parlaient à la fois. Ce murmure grossit de plus en plus jusqu’à ce qu’il laissât entendre le terrible mot « Meurtre. »

Dunbar entendit ce mot et le comprit, car sa belle figure devint d’une pâleur livide semblable à celle de la neige vue au clair de lune, et il appuya sa main sur la rampe en chêne.

Le maître d’hôtel passa devant Dunbar et descendit rapidement l’escalier. Ce n’était pas le moment de faire des cérémonies.

Il remonta en moins de cinq minutes presque aussi pâle que le voyageur.

— Je crains bien que votre ami… votre domestique… ne soit retrouvé, monsieur, — dit-il.