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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

— Vous n’affirmez pas qu’il est…

— J’ai peur que si, monsieur. Il paraît que deux moissonneurs irlandais, revenant de chez le fermier Matfield à cinq milles au-delà de Sainte-Cross, ont trouvé un homme étendu dans un petit ruisseau sous les arbres.

— Sous les arbres !… où ?…

— À l’endroit même où vous vous êtes séparé de ce Wilmot, monsieur.

— Oh ! mon Dieu !… Après ?…

— L’homme était mort, monsieur, bien mort. Ils l’ont transporté à l’auberge des Armes du Forestier, monsieur. C’était l’endroit le plus rapproché de celui où ils l’ont trouvé ; et, là, on a envoyé chercher un médecin. L’événement a fait sensation ; mais le docteur, M. Cricklewood, un gentleman très-respectable, monsieur, a dit que l’homme était resté longtemps dans l’eau et que le meurtre avait été commis depuis plusieurs heures.

— Le meurtre ! — s’écria Dunbar ; — mais il n’a peut-être pas été assassiné. Sa mort a pu être accidentelle. Il est peut-être tombé dans l’eau.

— Oh ! non, monsieur, ce n’est pas cela. Il n’a pas été noyé, car le ruisseau dans lequel on l’a trouvé n’a pas trois pieds d’eau. Il a été étranglé, monsieur ; étranglé avec un nœud coulant ; étranglé par derrière, car le nœud coulant était serré sur le derrière du cou. M. Cricklewood, le médecin, est en bas dans le vestibule ; si vous voulez le voir, il vous racontera tout. Il paraît, d’après ce qu’ont dit les deux Irlandais, que le corps a été traîné dans l’eau à l’aide de la corde. La trace de son passage existe encore sur l’herbe. Je suis désolé, monsieur, désolé qu’un pareil malheur soit arrivé à… à la personne qui vous servait.

Dunbar avait besoin de sympathie. Sa figure pâle était tournée vers le maître d’hôtel et ses yeux regardaient sans voir. Il n’avait pas eu l’air d’écouter le récit