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HENRY DUNBAR

du crime qui avait été commis, et pourtant il devait évidemment avoir tout entendu, car il dit tout à coup d’une voix rauque et étouffée :

— Étranglé !… et le corps traîné… dans l’eau… Qui… qui a pu… commettre ce crime ?

— Ah ! voilà la question, monsieur. Tout cela doit avoir été fait pour de l’argent, je suppose ; car il y avait sur le bord du ruisseau un portefeuille vide. Le comté est plein de vagabonds en cette saison de l’année, et parmi eux il y en a qui ne reculent devant aucun crime pour quelques livres. Je me souviens, il y a quarante ans et plus de cela, qu’à l’époque où j’étais enfant et portant encore des tabliers, il y eut un gentleman assassiné sur la route de Twyford, et on disait…

Mais Dunbar n’était pas d’humeur à écouter les souvenirs du maître d’hôtel. Il interrompit son histoire en respirant péniblement.

— Y a-t-il quelque chose que je puisse faire ?… Que faut-il que je fasse ?… — dit-il ; — y a-t-il quelque chose à faire ?

— Rien, monsieur, jusqu’à demain. L’enquête aura lieu demain, je suppose.

— Oui… oui, sans doute, il y aura une enquête !

— Une enquête ? Mais certainement, monsieur, certainement, il y en aura une, — répondit le maître d’hôtel.

— N’oubliez pas que je ne suis plus au courant des habitudes anglaises. Je ne sais quelles sont les démarches à faire dans un cas pareil. Ne devrait-on pas essayer de découvrir l’… assassin ?

— Si, monsieur. Les constables sont déjà sur le qui-vive probablement. Ils feront tous leurs efforts, comptez-y ; mais je crains bien qu’en cette circonstance le meurtrier n’échappe à la justice.

— Et pourquoi ?

— Parce que, voyez-vous, monsieur, l’homme a eu