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HENRY DUNBAR

mari, qui avait toujours eu pour banquiers les Dunbar, et Henry, qui atteignait alors la quarantaine, devint amoureux fou de la jeune et belle veuve.

Il est inutile de s’appesantir sur l’histoire de cette union. Lady Louisa épousa l’homme riche dix-huit mois après la mort de son premier mari. La petite Dorothée Macmahon fut envoyée en Angleterre avec une nourrice du pays, et confiée aux soins de ses parents maternels, et la charmante femme de Dunbar devint la reine de la meilleure société dans la Ville des Palais, en vertu de son rang et de la fortune de son mari.

Dunbar l’aima à la folie, Il l’aima comme peut un égoïste lui-même aimer une fois dans sa vie.

Mais lady Louisa ne paya jamais de retour l’affection du millionnaire. Elle était poursuivie par le souvenir de son premier et pur amour ; elle était torturée par— des remords au sujet de l’orpheline qu’on avait si cruellement éloignée d’elle. Dunbar était jaloux, et il enviait la part d’amour que sa femme accordait à l’enfant de son défunt rival. C’était à cause de cela que la petite fille avait quitté l’Inde.

Lady Louisa Dunbar brilla dans la société de Calcutta pendant deux ans. Mais au moment même où sa position sociale était la plus brillante et sa beauté dans toute sa plénitude et dans tout son éclat, elle mourut si soudainement que les élégants de Calcutta discutaient sur la splendeur d’un bal promis, pour lequel lady Louisa venait d’envoyer ses invitations, lorsque la nouvelle de sa mort se répandit avec la rapidité du feu dans la ville consternée. Dunbar était veuf. Il aurait pu se remarier s’il avait voulu. La plus fière beauté de Calcutta eût été bien aise de devenir la femme du seul héritier de la maison de banque de Saint-Gundoph Lane.

Une certaine animation régna à ce sujet sur le marché aux mariages pendant les deux ou trois années qui suivirent la mort de lady Louisa. Un grand nom-