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HENRY DUNBAR

Était-il probable qu’un millionnaire eût commis un meurtre ?

Quand avait-on vu un millionnaire commettre un meurtre ? Jamais à coup sûr !

L’Anglo-Indien était assis dans son salon particulier à l’Hôtel George, écrivant et examinant ses papiers, écrivant constamment et arrangeant sans cesse les paquets de lettres du nécessaire à dépêches, en attendant l’arrivée de Balderby.

Le délai accordé par le coroner était une bonne aubaine pour le maître des Armes du Forestier. La foule entrait et sortait, flânait autour de la maison et s’arrêtait au comptoir, buvant et causant pendant toute la matinée, et le sujet de chaque conversation était le meurtre commis dans le bois sur le chemin de Sainte Cross.

Balderby et Lowell arrivèrent à l’Hôtel George quelques minutes avant deux heures. On les introduisit aussitôt dans l’appartement où Dunbar les attendait.

Arthur avait songé à Laura et au père de Laura depuis le départ de Londres. Il s’était demandé, à mesure qu’il se rapprochait de plus en plus de Winchester, quelle serait la première impression que ferait sur lui Dunbar.

Cette première impression ne fut pas bonne ; Dunbar était un homme beau, très-beau même, grand, à tournure aristocratique, et ayant dans ses manières une certaine grâce hautaine qui s’harmonisait parfaitement avec sa bonne mine. Mais, malgré tout cela, l’impression qu’il fit sur Arthur ne fut pas agréable.

Lejeune avoué avait entendu faire de vagues allusions à l’anecdote du faux par ceux qui connaissaient à fond l’histoire de la famille Dunbar, et il avait appris que la vie qu’avait menée Dunbar dans sa première jeunesse avait été celle d’un prodigue et d’un égoïste.

Peut-être ceci eut-il quelque influence sur son opi-