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HENRY DUNBAR

Dunbar le propriétaire de l’Hôtel George ; le garçon qui avait accueilli les deux voyageurs et pris les ordres de Dunbar pour le dîner ; et, enfin, Dunbar lui-même.

Il y avait beaucoup de monde dans la salle, car en ce moment la nouvelle du meurtre avait circulé au loin. Dans le nombre des curieux se trouvaient des gens influents, entre autres sir Arden Westhorpe, l’un des magistrats du comté, en résidence à Winchester ; Lovell, Balderby et l’Anglo-Indien formaient un petit groupe assis un peu en dehors de la foule.

Les jurés prirent place autour d’une longue table en acajou. Le coroner s’assit à l’un des bouts.

Mais avant de commencer l’interrogatoire des témoins, les jurés furent conduits dans la chambre obscure où le cadavre gisait sur une des longues tables de l’estaminet. Lovell les suivit, et le médecin procéda de nouveau à l’examen du cadavre afin de pouvoir fournir les preuves de ce qui avait occasionné la mort.

La figure du mort était contractée et noircie par l’agonie de la strangulation. Le coroner et les jurés la regardèrent avec étonnement et épouvante. Parfois, un coup de poignard qui va droit au cœur laissera la figure de la victime aussi calme que celle d’un enfant endormi. Mais dans ce cas il n’en était pas de même. L’horrible marque de l’assassinat se voyait sur ce visage rigide. L’horreur, la surprise et l’affreuse agonie d’une mort soudaine se confondaient dans l’expression de cette physionomie.

Les jurés causèrent Un moment entre eux à voix basse, firent quelques observations au médecin, puis sortirent sans bruit de la chambre obscure.

Les faits du meurtre étaient très-simples et faciles à établir en quelques mots. Mais quelle que pût être la vérité de cette terrible histoire, elle ne renfermait rien qui aidât à éclaircir le mystère.

Lovell, qui agissait dans les intérêts de Dunbar,