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HENRY DUNBAR

vée de l’express pour Londres, un homme se montra tout à coup sur le quai, et jeta autour de lui un regard rapide.

Il reconnut le banquier, alla droit à lui, et, ôtant son chapeau, il dit respectueusement à Dunbar :

— Je suis fâché de vous retenir, monsieur, mais j’ai l’ordre écrit de ne pas vous laisser partir de Winchester.

— Que voulez-vous dire ?

— Que j’ai un mandat d’arrêt contre vous, monsieur.

— De qui ?

— De sir Arden Westhorpe, le principal magistrat du comté, et j’ai mission de vous conduire vers lui immédiatement.

— Sous quelle prévention ? — s’écria Lovell.

— Sous la prévention d’être impliqué dans l’assassinat de Joseph Wilmot.

Le millionnaire se redressa d’un air hautain et regarda le constable avec un sourire fier.

— Ceci est trop absurde, — dit-il, — mais je suis prêt à vous suivre ; soyez assez bon pour envoyer une dépêche à ma fille, monsieur Lovell, — ajouta-t-il en se tournant vers le jeune homme, — dites-lui que des circonstances indépendantes de ma volonté me retiennent à Winchester pour une semaine, et prenez garde de l’effrayer.

Toutes les personnes qui se trouvaient dans la gare s’étaient rassemblées sur le quai et faisaient cercle autour de Dunbar, se tenant un peu à l’écart de lui et le regardant avec un intérêt respectueux. Ce n’était plus là la curiosité bruyante et empressée qu’elles auraient déployée envers un homme ordinaire soupçonné du même crime.

Il était soupçonné, mais il ne pouvait être coupable. Pourquoi un millionnaire commettrait-il un meurtre ?