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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

Les motifs qui peuvent avoir de l’influence sur d’autres hommes n’ont aucun poids pour lui.

Les assistants se disaient cela réciproquement et suivirent Dunbar et son gardien hors de la gare en s’indignant tout haut contre les représentants de la loi.

Dunbar, le constable et Balderby se rendirent en voiture à la maison du magistrat.

Le plus jeune associé offrit la somme qu’on voudrait à titre de caution pour son chef, mais l’Anglo-Indien lui imposa silence par un geste hautain.

— Je vous remercie, monsieur Balderby, — dit-il fièrement, — mais je ne veux pas de liberté conditionnelle. Il a plu à sir Arden Westhorpe de me faire arrêter, et j’attendrai le résultat de cette arrestation.

Ce fut en vain que le plus jeune associé protesta contre cette décision. Dunbar fut inflexible.

— J’espère et je crois même que vous êtes aussi innocent que moi de cet épouvantable crime, monsieur Dunbar, — dit le baronnet avec bonté, — et je m’associe de cœur à tout ce qu’il y a de douloureux pour vous dans cette horrible position. Mais par suite des informations reçues, j’ai jugé qu’il était de mon devoir de vous retenir jusqu’à ce que cette affaire eût été examinée plus sérieusement. Vous êtes la dernière personne qu’on ait vue en compagnie du défunt.

— Et à cause de ce motif on suppose que j’ai étranglé mon ancien valet pour lui voler ses habits, — s’écria Dunbar avec amertume. — Je suis étranger en Angleterre ; mais si c’est là votre loi anglaise, je ne regrette pas d’avoir passé dans l’Inde la meilleure partie de ma vie. Pourtant, je suis tout disposé à me soumettre à n’importe quel interrogatoire que réclamera la justice pour avoir son cours.

Ce fut ainsi que, la seconde nuit de son arrivée en Angleterre, Dunbar, chef de la riche maison de ban-