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HENRY DUNBAR

part pour Londres par l’express de ce soir, et tous les habitants de Winchester sont honteux de la manière dont il a été traité. Jusqu’ici, il n’y avait pas plus lieu de soupçonner M. Dunbar, à en juger par ce qui a été constaté seulement, que de me soupçonner, moi. Et l’employé fit claquer ses doigts avec mépris. Mais si vous savez quelque chose contre M. Dunbar, ceci évidemment change la tournure des affaires, et il est de votre devoir, mademoiselle, de vous présenter immédiatement chez le magistrat et de faire votre déposition.

L’employé ne put s’empêcher de faire claquer sa langue d’un air de satisfaction en parlant ainsi. La distinction était venue à lui sans qu’il l’eût cherchée.

— Attendez une minute, mademoiselle, — dit-il, — je vais demander la permission de m’absenter pour vous conduire sur-le-champ chez le magistrat. Vous ne trouveriez jamais votre chemin toute seule. Le train attendu n’arrivera qu’à midi sept minutes. On peut se passer de moi.

L’employé s’éloigna, se présenta à son supérieur, raconta le fait, et obtint la permission de s’absenter quelques instants. Il revint ensuite vers Margaret.

— Maintenant, mademoiselle, — dit-il, — si vous voulez venir avec moi, je vais vous conduire chez sir Arden Westhorpe. Sir Arden est le gentleman qui s’est donné tant de mal dans cette affaire.

En chemin, le long des ruelles de la paisible cité, l’employé aurait bien voulu arracher à Margaret tout ce qu’elle avait à dire. Mais la jeune fille n’avoua rien ; elle dit seulement qu’elle voulait témoigner contre Dunbar.

L’employé, lui, fut très-communicatif. Il raconta à sa compagne tout ce qui s’était passé à l’interrogatoire ajourné.

— Il y a eu des applaudissements à la cour lorsqu’on