Page:Braddon - Henry Dunbar, 1869, tome I.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
154
HENRY DUNBAR

CHAPITRE XV

Déception.

Dunbar était assis dans un magnifique fauteuil avec un grand journal sur les genoux. Balderby était reparti pour Londres la soirée précédente ; mais Lovell n’avait pas quitté l’Anglo-Indien.

Dunbar avait passablement souffert de la retraite forcée à laquelle il avait été condamné depuis son arrivée dans la ville archiépiscopale. Tous ceux qui le regardaient voyaient le changement qui s’était opéré en lui dans les derniers dix jours. Il était très-pâle ; ses yeux, bordés d’un cercle bleuâtre, brillaient d’un éclat extraordinaire, et la bouche, cette indiscrète partie de la physionomie, sur laquelle aucun homme n’a un empire parfait, trahissait la souffrance qu’il avait endurée.

Lovell s’était prodigué pour le service de son client, non qu’il eût le moindre amour pour l’homme lui-même, mais parce qu’il était toujours plus ou moins influencé par la réflexion que Dunbar était le père de Laura, et que servir Dunbar c’était servir en quelque sorte la femme qu’il aimait.

Dunbar n’avait été remis en liberté que dans la soirée précédente, après un long et ennuyeux interrogatoire des témoins qui avaient déposé à l’enquête du coroner et un examen détaillé de cette déposition additionnelle à la suite de laquelle le magistrat avait lancé son mandat d’arrêt. Il avait dormi jusqu’à une heure très-avancée et il venait à peine de terminer son