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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

brillèrent, et un sourire de mauvais augure éclaira sa physionomie.

— Je vais aller vers Dunbar, — se dit-elle ; — puisque la loi ne veut pas m’aider, j’irai trouver moi-même le meurtrier de mon père. Il tremblera certainement en apprenant que sa victime a laissé une fille qui n’aura ni cesse ni relâche tant que justice ne sera pas faite.

Sir Arden avait désigné l’hôtel où était Dunbar. Margaret demanda donc au premier passant de quel côté se trouvait l’Hôtel George.

Elle avisa un garçon qui flânait sur le seuil de la porte.

— Je désire voir M. Dunbar, — dit-elle.

Le garçon la regarda tout surpris.

— Je ne crois pas que M. Dunbar vous reçoive, mademoiselle, — dit-il ; — mais je vais vous annoncer si vous le désirez.

— Je vous serai très-obligée si vous voulez bien.

— Certainement, mademoiselle ; veuillez vous asseoir dans le vestibule, je monte à l’instant chez M. Dunbar. Votre nom est…

— Mon nom est Margaret Wilmot.

Le garçon tressaillit.

— Wilmot ! — s’écria-t-il ; — êtes-vous une parente de…

— Je suis la fille de Joseph Wilmot, — répondit tranquillement Margaret ; — vous pouvez le dire à M. Dunbar si cela vous plaît.

— Oui, mademoiselle, je le lui dirai. Oh ! mon Dieu, mademoiselle, je n’ai pas plus de force qu’un enfant. M. Dunbar ne peut pas se refuser à vous voir, il me semble, mademoiselle.

Le garçon monta l’escalier en se retournant vers Margaret à plusieurs reprises. Il avait l’air de croire que la fille de l’homme assassiné devait être, d’une manière ou d’une autre, différente des autres jeunes femmes.