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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

En ceci du moins, il fit preuve d’attachement pour son enfant.

Arthur avait fait tout ce qui avait dépendu de lui pour dissuader le banquier de quitter Winchester dans cette soirée et de manquer ainsi à la promesse qu’il avait faite à Margaret. Dunbar s’était montré résolu et le jeune avoué n’avait pu que se soumettre à sa volonté. S’il plaisait à son client de commettre une action déshonnête, malgré toutes les protestations du jeune homme, évidemment il n’avait aucun droit de s’y opposer ; ce n’était pas son affaire. En ce qui le concernait, Arthur était ravi de revenir à Londres, car c’était là que se trouvait Laura, et partout où elle était, elle amenait avec elle le paradis, dans l’opinion de l’amoureux jeune homme.

Le lendemain de leur arrivée à Londres, Dunbar et le jeune avoué prirent place de bonne heure à la table du déjeuner servi dans leur salon à l’hôtel. La matinée était superbe et Londres même paraissait charmant aux rayons du soleil. Dunbar était debout auprès de la fenêtre et regardait dans la rue au-dessous pendant que le déjeuner se préparait. L’hôtel était situé dans une rue neuve du West End.

— Vous trouvez Londres bien changé, je pense, monsieur, — dît Arthur en dépliant le journal du matin.

— Qu’entendez-vous par changé ? — demanda le banquier d’un air distrait.

— Je veux dire que, après une aussi longue absence, vous devez y remarquer de grandes améliorations. Cette rue, par exemple, il n’y a pas encore six ans qu’elle est construite.

— Oh ! oui, je m’en souviens. Il y avait des champs en cet endroit quand je partis pour l’Inde.

Ils s’assirent à la table du déjeuner. Dunbar était distrait et mangea fort peu. Quand il eut bu une tasse