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HENRY DUNBAR

— C’est extrêmement curieux.

— Pourquoi ? — demanda Margaret avec anxiété.

— Parce que M. Dunbar et le jeune homme qui était avec lui sont partis avec tous leurs bagages par l’express d’hier soir.

Margaret ne poussa aucun cri de surprise ou d’indignation. Elle s’éloigna tranquillement, et alla de nouveau à la maison de sir Arden Westhorpe. Elle lui raconta ce qui s’était passé, et sa déposition fut écrite et signée comme le jour précédent.

M. Dunbar a assassiné mon père, — dit-elle quand tout cela fut terminé, — et il a peur de me voir.

Le magistrat hocha gravement la tête.

— Non, non, mon enfant, — dit-il, — il ne faut pas parler ainsi. Je ne puis vous permettre d’affirmer pareille chose. Les preuves fournies par les circonstances accusent souvent une personne innocente. Si M. Dunbar avait été impliqué dans cette affaire, il se serait empressé de vous voir pour imposer silence à vos soupçons. Son refus de vous voir est tout bonnement le fait d’un homme égoïste à qui cette affaire a déjà suscité de très-grands ennuis, et qui craint le scandale de quelque scène tragique.


CHAPITRE XVI

Est-ce de l’amour ou de la crainte ?

Dunbar et Lovell couchèrent dans le même hôtel la nuit de leur arrivée de Winchester à Londres, car le banquier ne voulut pas déranger sa fille en se présentant après minuit à la maison de Portland Place.