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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

Dunbar, — car il faut que j’examine certains papiers qui se trouvent dans mes bagages arrivés de Southampton. Quand vous serez las de rester dans la salle à manger, je compte que vous voudrez bien rejoindre Laura et sa compagne et vous distraire avec elles.

Dunbar sonna. Un vieux serviteur sans livrée apparut aussitôt.

— Qu’avez-vous fait des bagages envoyés de Southampton ici ? — demanda le banquier.

— On les a déposés dans l’ancienne chambre à coucher de M. Dunbar père, — répondit le valet.

— Très-bien, faites-y porter de la lumière, et qu’on ouvre les portemanteaux et les malles.

Il tendit un paquet de clefs au domestique et le suivit hors de la salle. Dans le vestibule il s’arrêta tout à coup en entendant une voix de femme.

Le vestibule de la maison de Portland Place était divisé en deux compartiments séparés l’un de l’autre par une porte à deux battants dont les panneaux supérieurs étaient en verre dépoli. Il y avait le fauteuil du concierge dans le premier compartiment et une lampe en bronze était suspendue à la voûte du plafond.

La porte de communication entre les deux compartiments était entr’ouverte et la voix que Dunbar avait entendue était celle d’une femme qui parlait au concierge.

— Je suis la fille de Joseph Wilmot, — disait cette femme. — M. Dunbar avait promis de me recevoir à Winchester, mais il n’a pas tenu parole ; il est parti sans me voir ; il faudra pourtant bien qu’il me reçoive tôt ou tard, car je le suivrai partout où il ira jusqu’à ce que je l’aie vu et que je lui aie dit ce que j’ai à lui dire.

La jeune fille ne parlait pas à haute voix ni avec violence. Il y avait dans son ton un sérieux qui annonçait une détermination ferme bien mieux que ne