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HENRY DUNBAR

l’auraient fait des éclats de voix bruyants et passionnés

— Bonté divine ! jeune fille, — s’écria le concierge, — pensez-vous donc que je vais aller porter un pareil message à M. Dunbar ? Mais ce serait perdre ma place du coup. Retournez à vos affaires, mademoiselle, et ne revenez plus dans une maison comme celle-ci déranger de leur dîner les gens qui en sont les maîtres. J’aimerais mieux me charger d’une commission pour les tigres du Jardin zoologique au moment de leur pâture que de paraître devant M. Dunbar pendant qu’il savoure son bordeaux.

Dunbar s’arrêta pour écouter cette conversation et retourna ensuite à la salle à manger en faisant signe au valet de le suivre.

— Apportez-moi une plume, de l’encre et du papier, — dit-il.

Le domestique roula auprès du millionnaire une petite table à écrire. Dunbar s’assit et écrivit les quelques lignes suivantes de cette main ferme et aristocratique qui était si familière aux commis en chef de la maison de banque :

« La jeune personne qui déclare être la fille de Joseph Wilmot est informée que M. Dunbar refuse de la voir soit maintenant soit plus tard. Il est parfaitement résolu sous ce rapport et la jeune personne fera bien de renoncer au système de persécution qu’elle met en pratique en ce moment. Si elle n’y renonçait pas, on enverrait à la police le récit détaillé de sa conduite, et des mesures énergiques seraient aussitôt prises pour que M. Dunbar soit délivré de ses obsessions. À cet avis M. Dunbar ajoute pour la jeune personne une somme d’argent qui lui permettra de vivre pendant quelque temps dans l’aisance et l’indépendance. D’autres envois lui seront faits à