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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

— Ma mère a été très-inquiète de vous, mademoiselle, — dit Clément. — Elle a remarqué un grand changement en vous depuis un mois environ. Ce n’est pas que vous ne soyez toujours pleine de bonté pour ma petite nièce qui fait, grâce à vos soins, de remarquables progrès. Mais ma mère n’est pas indifférente à ce qui vous touche, et elle et moi nous avons aperçu ce changement. Je crains que vous ne soyez très-malheureuse, et tenez, mademoiselle, vous ne savez pas ce que je donnerais pour vous être utile dans un moment d’ennui et de malheur. Vous avez paru bien agitée par la nouvelle de cet affreux assassinat de Winchester. J’ai constamment pensé à cela depuis cette soirée, et l’idée m’est venue que vous étiez de manière ou d’autre intéressée à cet événement. Et plus encore, qu’il pourrait se faire que vous connussiez ce Wilmot et que vous fussiez à même de fournir quelques renseignements sur ses antécédents et mettre la police sur les traces de l’assassin. Petit à petit cette idée s’est glissée dans mon esprit et ce soir je me suis décidé à venir vous demander en propres termes si vous avez jamais connu ce malheureux homme.

Tout d’abord Margaret ne répondit que par des sanglots étouffés, mais le calme lui revint ensuite, et elle dit à voix basse :

— Oui, vos suppositions sont justes, monsieur Austin, je connaissais ce malheureux homme. Je vous raconterai tout, mais pas ici, — ajouta-t-elle en jetant un regard en arrière sur les fenêtres du cottage où brillait de la lumière, — mes voisins sont des gens curieux, et je ne veux pas qu’on entende ce que j’ai à vous dire.

Elle serra son châle autour d’elle et sortit du petit jardin. Elle marcha à côté de Clément dans le sentier qui menait à la rivière et qui était désert à pareille heure.

Là elle lui raconta son histoire. Elle imposa silence