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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

trons entendaient dire quelque chose sur son passé. Ce quelque chose n’était rien de positif et manquait peut-être de preuves, mais cela suffisait. Mon père n’était pas un homme en qui l’on pût avoir confiance. Il promettait de bien faire et jusqu’alors il n’y avait pas à se plaindre de lui, mais on courait un certain risque en l’employant. Mon père ne rencontra jamais un bon chrétien qui voulût courir ce risque dans l’espoir de sauver une âme, il ne rencontra jamais personne d’assez généreux pour tendre la main au réprouvé et lui dire : Je sais que vous avez mal agi dans le passé, je sais que votre réputation est flétrie, mais j’oublie tout, et je veux vous aider à racheter la faute commise. Si mon père eût trouvé un ami pareil, un bienfaiteur de ce genre, il eût vécu bien différemment.

Margaret raconta ensuite le résumé de sa dernière conversation avec son père. Elle dit à Clément ce que celui-ci lui avait confié au sujet de Dunbar, et elle lui montra la lettre adressée à l’île de Norfolk, cette lettre dans laquelle le vieux commis faisait allusion à l’empire que pourrait avoir son frère sur son ancien maître. Elle apprit aussi à Austin comment Dunbar avait refusé de la voir à Winchester et à Portland Place, et lui détailla le contenu du billet par lequel le banquier avait essayé d’acheter son silence.

— Depuis cette époque, — ajouta-t-elle, — j’ai reçu deux envois anonymes, deux enveloppes contenant des bank-notes de cent livres, avec ces mots écrits en travers de l’enveloppe : « De la part d’un ami véritable. » J’ai renvoyé ces billets, car j’avais deviné d’où ils venaient. Je les ai renvoyés à l’adresse de M. Henry Dunbar, au bureau de Saint-Gundolph Lane.

Clément écouta avec une figure très-grave. Tout ceci semblait indiquer que Dunbar était coupable. Jusqu’à présent aucune preuve n’avait fait retomber les soup-