Page:Braddon - Henry Dunbar, 1869, tome I.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
190
HENRY DUNBAR

çons sur une autre personne, quoique la police eût été infatigable dans ses recherches.

Austin garda le silence pendant quelques minutes, puis il dit tranquillement :

— Je suis très-content que vous ayez eu confiance en moi, mademoiselle, et croyez bien que vous me trouverez toujours prêt à vous venir en aide chaque fois que mes services pourront vous être de quelque utilité. Si vous voulez venir prendre le thé avec ma mère demain soir à huit heures, je serai à la maison et nous causerons de tout ceci sérieusement. Ma mère est une femme pleine d’expérience, et je sais qu’elle vous aime. Vous avez confiance en elle, n’est-ce pas ?

— Oh ! bien volontiers, et de tout mon cœur.

— Vous verrez qu’elle sera pour vous une amie sincère.

Ils étaient alors de retour auprès de la porte du petit jardin. Clément tendit la main à la jeune fille,

— Bonne nuit, mademoiselle Wilmot.

— Bonne nuit.

Margaret ouvrit la porte et entra dans le jardin. Austin prit lentement le chemin de sa demeure en passant devant de jolis cottages cachés au fond des jardins du faubourg et de prétentieuses villas avec des tours à campanile et des porches gothiques. Les fenêtres éclairées étincelaient dans l’obscurité ; çà et là le bruit d’un piano se faisait entendre, ou bien la voix d’une jeune fille qui chantait dans l’air calme du soir.

La vue de ces maisons, ou régnaient le bien-être et la gaieté, fit faire au caissier de tristes réflexions sur le sort de la jeune fille qu’il venait de quitter.

— Pauvre enfant désolée, — se dit-il, pauvre jeune fille orpheline et solitaire !…

Mais il se préoccupa surtout de ce qu’il avait appris sur Dunbar, et les preuves qui inculpaient le riche banquier grandissaient en importance à mesure qu’il