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HENRY DUNBAR

Non, le nouveau maître du château n’était pas aimé. Il vivait à l’écart et seul. Tout d’abord, sa fille avait voulu l’arracher de sa solitude et avait déployé toutes ses grâces et ses mignardises pour l’attirer hors de chez lui ; mais elle s’aperçut que tous ses efforts étaient non-seulement inutiles, mais encore désagréables à son père, et peu à peu le bruit de ses pas légers cessa de se faire entendre dans l’aile solitaire de la maison où s’enfermait Dunbar.

Maudesley Abbey était une grande et vieille construction irrégulière qui avait été bâtie et agrandie sous cinq ou six règnes différents. La partie la plus ancienne du bâtiment était précisément cette aile nord que Dunbar avait choisie pour lui. Là, l’architecture datait de l’ère des Plantagenets ; les murs en pierre étaient épais et massifs, les fenêtres longues et étroites, et les armoiries des premiers bienfaiteurs du monastère étaient gravées çà et là sur les vitraux richement coloriés. Une tapisserie fanée à personnages couvrait les murs ; le plafond à rinceaux était en chêne devenu noir avec le temps. Les fenêtres de la chambre à coucher de Dunbar ouvraient sur la cour de l’ancien cloître, où des moines encapuchonnés s’étaient jadis promenés à l’ombre des grands arbres. Au centre de cette cour quadrangulaire se trouvait un jardin, où les grandes roses trémières et les dahlias à la tige élancée se balançaient au soleil d’automne. C’était dans cette cour cloîtrée que Dunbar avait fait construire la stalle de son cheval favori.

L’aile sud de Maudesley Abbey était d’une époque beaucoup plus moderne. Les fenêtres et les cheminées, dans cette partie de la maison, étaient du style Tudor ; les lambris de chêne poli y étaient magnifiques, et les pièces de moindre dimension que les salons à tapisseries qu’occupait le banquier. L’élégant ameublement moderne contrastait agréablement avec les châssis à