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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

En ce moment survint Dora, très-jolie dans sa robe de soie bleue garnie de dentelles. Elle paraissait heureuse malgré le mauvais temps, et Laura se laissa consoler par sa sœur. Les deux jeunes filles s’assirent à la table près du feu et déjeunèrent, ou firent mine de déjeuner ensemble. Comment songer à manger et à boire dans un jour pareil ?

— Je viens de voir Lizzie et Ellen, — dit Dora ; — elles n’ont pas voulu venir avant d’être habillées. Elles ont gardé toute la nuit leurs cheveux arrangés avec des épingles afin de les faire friser, mais par ce temps humide, les cheveux ne veulent pas friser du tout, et il faut se servir des fers.

Mlle Macmahon avait des cheveux noirs qui frisaient naturellement et pouvait rire des jeunes personnes obligées d’avoir recours aux épingles et aux fers.

Lizzie et Ellen étaient les filles du Major Melville et les amies intimes de Mlle Dunbar. Elles étaient venues à Maudesley pour être les demoiselles d’honneur de Laura. Ce sont de ces promesses que les jeunes filles se font le plus souvent et qu’elles oublient aussi facilement.

Laura ne semblait pas s’intéresser beaucoup à la coiffure des demoiselles Melville. Elle réfléchissait, mais ses idées devaient être agréables, car elle souriait.

— Dora, — dit-elle tout à coup, — savez-vous à quoi je pensais ?

— Non, chère Laura.

— À ce dicton qui prétend qu’un mariage en amène d’autres.

Dora rougit.

— Que voulez-vous dire, chère Laura ? — demanda-t-elle innocemment.

— Je pensais qu’un autre mariage pourrait suivre le mien. Écoutez, ma chère Dora, je ne puis m’empêcher