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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

Le Major releva vivement les sourcils et cligna les yeux d’un air de dédain.

— Si le cottage me convient, — dit-il, — je ne regarderai pas à mille livres. C’est aujourd’hui samedi ; j’irai demain ou lundi à Londres pour y régler une petite affaire que j’y ai en ce moment, et je reviendrai assez à temps pour assister à la vente.

— Ma femme et moi nous avions idée d’y aller aussi, monsieur, — reprit l’aubergiste d’un ton de respect inaccoutumé, — et, si cela vous était agréable, nous vous y conduirions dans notre char à bancs. Woodbine Cottage est à un mille et demi d’ici et à guère plus d’un mille de Maudesley Abbey. Il y a, parmi les ustensiles de l’amiral, une boîte à charbon en cuivre dont ma femme a envie. Mais peut-être, si vous faisiez une offre avant la vente, on pourrait vous céder le tout par un contrat particulier.

— Je verrai cela, — répondit Vernon ; — j’ai précisément une affaire à Shorncliffe ce matin et je rendrai visite à M. Grogson… C’est M. Grogson, avez-vous dit, je crois, que se nomme le commissaire-priseur ?

— Oui, monsieur, Peter Grogson, et il ne manque pas de visiteurs ; il a la réputation d’un honnête homme. Son bureau est dans la grande rue de Shorncliffe, monsieur, à deux portes seulement de l’étude de Lovell, l’avoué, et à quelques mètres de l’église de Saint-Gwendoline.

Le Major Vernon, ainsi qu’il se faisait appeler maintenant, partit de Lisford pour se rendre à Shorncliffe. Il était bon marcheur, car il avait eu le temps de prendre l’habitude de la marche, pendant les longues et fatigantes excursions qu’il avait faites d’un champ de courses à l’autre quand la chance lui souriait assez peu pour qu’il n’eût pas de quoi payer sa place au chemin de fer. La gelée avait recommencé, de sorte que les chemins étaient de nouveau secs et durs, et le bruit