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HENRY DUNBAR

des sabots, des chevaux et des roues en mouvement, le tintement des clochettes, les aboiements momentanés de quelque chien de berger bruyants, et les voix des robustes paysans qui s’appelaient les uns les autres sur la grande route, retentissaient au loin dans l’air léger et froid.

La ville de Shorncliffe était très-calme ce jour-là, car ce n’était que les jours de marché qu’il y avait de l’animation et du mouvement dans ses vieilles rues bizarres ; Vernon ne rencontra donc aucun obstacle dans l’achèvement de l’affaire pour laquelle il était venu de Lisford.

Il se rendit directement chez Grogson le commissaire-priseur et reçut de celui-ci tous les détails relatifs à la vente de Woodbine Cottage. Le Major offrit de prendre le bail à un prix raisonnable et le mobilier ce qu’il était après évaluation.

— J’ai besoin d’une petite retraite où je puisse me caser sans peine, — dit le Major Vernon avec la désinvolture d’un homme du monde. — J’ai l’habitude de prendre agréablement la vie. Si vous m’affirmez que cette petite maison vaut réellement sept ou huit cents livres, je suis disposé à payer rubis sur l’ongle. Je m’en tiendrai à votre estimation si les propriétaires veulent vendre à ces prix-là et je déposerai cent ou deux cents livres mardi dans l’après-midi pour montrer que ma proposition est faite bonâ fide.

Quelques paroles furent encore échangées et Grogson s’engagea à faire le possible pour satisfaire Vernon sans mécontenter les propriétaires actuels de la maison.

Le commissaire-priseur s’était d’abord montré réservé envers ce long étranger mal vêtu, mais l’offre de déposer cent ou deux cents livres donna un tout autre aspect aux paroles de celui-ci. Le monde est rempli d’originaux et les apparences sont trompeuses. Le