Page:Braddon - Henry Dunbar, 1869, tome I.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43
HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

lettre de bienvenue que le plus jeune associé adresse à son chef. J’en aurai soin.

Il remit la lettre dans la poche de l’agenda, puis regarda les notes au crayon inscrites sur différentes pages.

La dernière note fut la seule qui eût quelque intérêt pour lui.

Elle consistait en ces quelques mots :

H. D., attendu aux docks de Southampton vers le 19 du courant, par le steamer Électre, sera reçu par Mlle Laura D… à Porland Place.

— Qui est cette Laura D… ? — se dit-il en fermant l’agenda. — Sa fille, je suppose. Je me souviens d’avoir lu la nouvelle de son mariage dans les journaux, il y a vingt ans. Il fit un bon mariage, évidemment. La fortune a dû tout aplanir pour lui. Il a épousé une femme riche et titrée. Qu’il soit maudit !

Joseph resta assis quelque temps les bras croisés sur la table devant lui en songeant, songeant toujours. Un sourire sinistre crispait ses lèvres, et dans ses yeux pétillait une lueur menaçante.

Homme dangereux en tout temps : homme dangereux lorsqu’il était bruyant, insouciant, brutal et violent ; mais bien plus dangereux alors qu’il était tout à fait calme.

Il sortit ensuite les clefs de sa poche, s’agenouilla devant le portemanteau, et examina son contenu.

Il n’y trouva pas grand’chose pour le dédommager de sa peine : rien qu’un habillement complet, une demi-douzaine de chemises, et l’attirail nécessaire à la modeste toilette du commis. Le sac de nuit contenait une paire de bottes, une brosse à chapeau, une chemise de nuit et une vieille robe de chambre en indienne.

Joseph se releva après cette inspection et ouvrit doucement la porte entre les deux chambres. Il n’était survenu aucun changement dans la chambre du ma-