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HENRY DUNBAR

lade. La garde-malade était toujours assise au chevet du lit. Elle se retourna vers Joseph lorsqu’il ouvrit la porte.

— Aucun changement, je présume ? — dit-il.

— Non, monsieur, aucun.

— Je vais sortir et faire un tour, je reviendrai dans une heure.

Il referma la porte, mais il ne sortit pas immédiatement. Il s’agenouilla de nouveau à côté du portemanteau, et enleva la carte qui portait l’adresse de son frère. Il enleva aussi une carte pareille sur le sac de nuit, en ayant bien soin de ne laisser derrière lui aucun vestige qui pût faire connaître son frère.

Quand il eut fini cette opération et mis les cartes dans sa poche, il se promena doucement dans la chambre, les bras croisés sur la poitrine.

— Le steamer l’Électre est attendu le 19, — dit-il d’une voix sourde et pensive. — Il peut arriver avant ou après. Demain, c’est le 17. Si Sampson meurt, il y aura enquête certainement, une perquisition post mortem peut-être, et je serai retenu ici jusqu’à ce qu’elle soit terminée. On me retiendra deux ou trois jours au moins, et, pendant ce temps Henry Dunbar peut arriver à Southampton et se rendre aussitôt à Londres, et moi je puis laisser échapper cette occasion unique de me trouver face à face avec cet homme. Je ne veux pas perdre cette occasion, je… ne veux pas qu’on me la fasse perdre. Pourquoi resterai-je ici à veiller au chevet du lit d’un homme sans connaissance ! Non ! La destinée a remis une fois encore Henry Dunbar sur mon chemin, et je profiterai de la chance qui m’est offerte.

Il prit son chapeau : un chapeau gris déformé et râpé qui cadrait bien avec son extérieur de vagabond, et il sortit après s’être arrêté quelques secondes au comptoir et avoir dit à l’aubergiste qu’il serait de retour dans une heure.