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HENRY DUNBAR

— Il n’a pas beaucoup changé, — murmura-t-il ; — il a même très-peu changé. Fier, égoïste et cruel jadis, il est encore aujourd’hui fier, égoïste et cruel. Il est devenu plus vieux, plus gros, et il a grisonné, mais il est le même homme qu’il y a trente-cinq ans. Je vois tout cela sur sa figure.

Il s’approcha au moment où Henry Dunbar débarqua, et alla au-devant de l’Anglo-Indien.

— Monsieur Dunbar, je crois ? — dit-il en ôtant son chapeau.

— Oui, je suis M. Dunbar.

— On m’a envoyé des bureaux de Saint-Gundolph Lane, monsieur, — reprit Joseph, — et j’ai pour vous une lettre de M. Balderby. Je suis venu à votre rencontre afin de vous rendre les services nécessaires.

Henry Dunbar le regarda d’un air de doute.

— Vous n’êtes pas un des commis de Saint-Gundolph Lane ? — dit-il.

— Non, monsieur.

— Je le pensais ; vous n’avez pas l’air d’un commis ; mais qui êtes-vous, alors ?

— Je vais vous le dire tout à l’heure, monsieur. Je suis ici à la place d’une autre personne qui s’est trouvée malade en route. Mais ce n’est pas le moment de parler de cela maintenant. Faut-il que je m’occupe de vos bagages ?

— Oui, vous me ferez plaisir.

— Vous avez un domestique avec vous, monsieur ?

— Non ; mon valet de chambre est tombé malade à Malte et je l’ai laissé en route.

— Ah ! — s’écria Wilmot, — voilà qui est fâcheux !

Un éclair brilla dans ses yeux pendant qu’il parlait.

— Oui, cela est très-ennuyeux. Vous trouverez les bagages tout préparés et adressés à Portland Place. Soyez assez bon pour veiller à ce qu’ils arrivent par le plus court chemin. Il y a un portemanteau dans ma