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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

cabine et mon pupitre de voyage. Ces deux objets me sont nécessaires. Tout le reste peut être expédié.

— Je vais m’en occuper, monsieur.

— Merci ; vous êtes bien bon. À quel hôtel êtes-vous descendu ?

— Je ne suis descendu dans aucun hôtel encore, l’Électre n’était attendu que demain, et je suis arrivé ce matin seulement

— Je vais aller au Dauphin alors, — reprit Dunbar, — et je vous serai obligé de m’y rejoindre aussitôt que vous en aurez fini avec les bagages. Je veux arriver à Londres ce soir si c’est possible.

Dunbar s’éloigna, portant haut la tête et faisant tournoyer sa canne. C’était un de ces hommes qui ont une confiance pleine et entière en leur mérite. La faute qu’il avait commise dans sa jeunesse ne pesait pas beaucoup sur sa conscience. S’il pensait à cette vieille histoire, ce n’était que pour se souvenir qu’il avait été fort maltraité par son père et son oncle Hugh.

Et le pauvre diable qui l’avait aidé, l’intelligent et hardi jeune homme qui avait été son instrument et son complice, était aussi complètement oublié que s’il n’eût jamais existé.

Dunbar fut introduit dans un vaste et somptueux salon particulier de l’hôtel du Dauphin ; vaste désert de tapis de Bruxelles, avec des îlots de fauteuils, de chaises et de tables jetés çà et là. Il se fit servir un verre de soda, se jeta dans un bon fauteuil, et prit en main le Times.

Mais au bout d’un instant, il le rejeta avec impatience et tira sa montre.

Un médaillon en or, richement travaillé, était attaché à cette montre. Dunbar ouvrit ce médaillon, qui contenait la miniature d’une belle jeune fille à cheveux blonds crêpés, brillants comme de l’or bruni, et à grands yeux bleus limpides.