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HENRY DUNBAR

train omnibus. Que vais-je devenir dans l’intervalle ? Il garda le silence quelques instants et réfléchit en feuilletant le guide de Bradshaw.

— Quelle distance y a-t-il d’ici à Winchester ? — demanda-t-il tout à coup.

— Dix milles, ou à peu près, je crois, — répondit Joseph.

— Dix milles ! Alors, Wilmot, voici ce que je vais faire. J’ai un ami à Winchester, un vieux camarade de collège qui possède un beau domaine dans le comté et une maison près de Sainte-Cross. Si vous voulez commander une voiture à deux chevaux et faire atteler tout de suite, nous irons voir mon vieil ami Michael Marston ; nous dînerons à l’Hôtel George ; et nous reviendrons à Londres par l’express qui part de Winchester à dix heures un quart. Allez commander la voiture, et dépêchez-vous, Wilmot, vous m’obligerez.

Une demi-heure après, les deux hommes partirent de Southampton dans une voiture découverte, avec le portemanteau du banquier, son nécessaire de toilette, son pupitre, et le sac de voyage de Wilmot. Il était trois heures quand la voiture s’éloigna de la porte d’entrée de l’hôtel du Dauphin, et à quatre heures moins cinq, Dunbar et son compagnon entraient dans le beau vestibule de l’Hôtel George.

Pendant le trajet, le banquier avait été de très-belle humeur. Il avait fumé des cigares, admiré le beau paysage anglais, les vastes pâturages, les échappées sur les bois et les collines grises qui s’étendaient derrière la ville archiépiscopale et qui paraissaient pourpres dans le lointain.

Il avait parlé beaucoup et s’était montré très-familier envers son humble ami. Mais il n’avait pas parlé autant et aussi haut que Wilmot. Tous les tristes souvenirs semblaient s’être effacés de la mémoire de cet homme. À son silencieux chagrin avait succédé un flux