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HENRY DUNBAR

leurs, d’énormes poutres en chêne supportant des plafonds bas et sombres, des groupes de lourdes cheminées à moitié inclinées sous le poids du lierre qui les enlace, et sur tous ces objets l’ombre de la grande cathédrale s’étend comme une aile protectrice qui conserve calmes et frais ces charmants sanctuaires.

Au delà de cette sainte retraite, de beaux pâturages se déroulent jusqu’au pied des collines verdoyantes, et un courant tortueux y serpente librement, tantôt se cachant sous de profondes retraites formées par de grands ormes touffus, tantôt s’échappant de l’obscurité, avec des murmures et un cours plus rapide, pour changer de nature et devenir le plus bruyant des ruisseaux qui ait jamais roulé sur un lit de cailloux brillants, en courant vers la mer azurée.

Dans l’une des maisons en pierre grise qu’abritait le mur de la cathédrale, les deux hommes, toujours bras dessus bras dessous, prirent des informations sur M. Michael Marston, des Fougères, à Sainte-Cross.

Hélas ! c’est chose charmante que de faire voile vers des rivages étrangers et d’y prospérer, mais ce n’est pas tout à fait aussi agréable de revenir au pays et d’y apprendre qu’Alice est morte et enterrée, que de tous les anciens compagnons d’autrefois il n’en reste qu’un pour vous recevoir, et que le ruisseau lui-même qui coulait dans vos rêves d’enfant pendant que vous étiez endormi parmi les roseaux qui couvraient ses bords est à tout jamais desséché !

M. Michael Marston était mort depuis plus de dix ans. Sa veuve, une dame âgée, vivait encore aux Fougères.

Ce fut là le renseignement que les deux hommes obtinrent d’un bedeau qu’ils rencontrèrent errant autour de cette maison. Peu de paroles furent prononcées. Un des hommes adressa les questions nécessaires. Mais aucun des deux n’exprima ni regret ni surprise.