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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

Ils se dirigèrent en silence, et toujours en se donnant le bras, vers les bosquets ombragés et les vastes pâturages par delà la cathédrale.

Le bedeau, qui était vieux et manquait de présence d’esprit, les appela d’une voix faible pendant qu’ils s’éloignaient.

— Peut-être cela vous plairait-il de voir la cathédrale, messieurs ? Elle en vaut bien la peine.

Mais il ne reçut pas de réponse. Les deux hommes étaient hors de la portée de la voix, ou ne se soucièrent pas de lui répondre.

— Nous allons faire un tour vers Sainte-Cross et gagner de l’appétit pour le dîner, — dit Dunbar, en marchant avec son compagnon le long d’un sentier, qui longeait un mur recouvert de mousse, et qui menait à travers une petite prairie vers l’entrée d’un paisible bosquet.

Un calme profond régnait sous ce couvert. Le ruisseau babillard courait au milieu des fleurs sauvages et des ajoncs tremblants ; le sol était tapissé de mousse et de gazon, bien rarement foulés.

C’était un endroit solitaire, car il était situé entre les pâturages et la grand’route. Les faibles et vieux pensionnaires de Sainte-Cross y venaient quelquefois, mais pas souvent. D’enthousiastes disciples du vieil Isaac Walton envahissaient parfois, mais rarement, la paisible retraite. Les endroits les plus charmants de la terre sont ceux que l’homme visite le moins.

Le charme principal de ce bosquet était sa solitude. Le doux frémissement des feuilles, les notes longues et mélodieuses d’un oiseau solitaire, et le faible murmure du ruisseau rompaient seuls le silence.

Les deux hommes entrèrent dans le bosquet, bras dessus bras dessous. L’un d’eux parlait et l’autre écoutait en fumant un cigare. Ils pénétrèrent sous la longue arcade que formaient au-dessus de leur tête les