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HENRY DUNBAR

Il avait hésité un peu avant de prononcer ce dernier mot, car bien que Dunbar parlât de Wilmot comme d’un inférieur et d’un domestique, le maître de l’Hôtel George se souvenait que l’absent avait autant l’air d’un gentleman que son compagnon.

Le maître d’hôtel continua à servir Dunbar. Les plats sur la table étaient toujours cachés sous des couvercles en argent étincelant.

Assurément, jamais dîner aussi déplorable n’avait été servi à l’Hôtel George.

— Je n’y tiens plus d’inquiétude, — s’écria enfin Dunbar, — pouvez-vous envoyer un messager aux Fougères pour savoir si Wilmot y est allé ?

— Certainement, monsieur. L’un des garçons d’écurie va seller un cheval et s’y rendre immédiatement. Voulez-vous écrire un mot à Mme Marston, monsieur ?

— Un mot ! Non, Mme Marston est une étrangère pour moi. Mon vieil ami, Michael Marston, ne s’est marié qu’après mon départ d’Angleterre. Un messager suffira. Le garçon d’écurie n’a qu’à demander si quelqu’un de la part de M. Dunbar a paru aux Fougères, et, dans ce cas, à quelle heure il en est reparti. C’est tout ce que je veux savoir. Quelle route suivra le garçon, celle des prairies ou le grand chemin ?

— Le grand chemin, monsieur ; dans les prairies il n’y a qu’un sentier qui sert de raccourci pour aller aux Fougères, et qui commence au bosquet entre la ville et Sainte-Cross.

— Oui, je sais, c’est là que j’ai quitté mon domestique… ce Wilmot.

— C’est un joli endroit, monsieur, mais plus solitaire encore la nuit que le jour.

— Oui, il m’a semblé. Envoyez tout de suite votre garçon, — vous serez bien aimable. Wilmot est peut-être attablé à l’office avec les domestiques des Fougères.