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HENRY DUNBAR

Le plus jeune associé était assis à une table de travail auprès du feu et il écrivait, mais il se leva dès que le banquier fut entré, et il s’avança à sa rencontre.

— Bonjour, monsieur Dunbar, — dit-il. — Soyez le bienvenu dans la maison de Saint-Gundolph Lane. Il y a longtemps qu’on y attend et qu’on y espère votre visite.

Les deux hommes échangèrent une poignée de main, et Balderby offrit à son premier associé un fauteuil recouvert en maroquin, et s’assit ensuite en face de lui de l’autre côté de la table.

Évidemment Balderby faisait des efforts pour être affable ; mais en dépit de sa bonne volonté, le son de ses paroles sonnait faux.

Dunbar ne répondit pas au souhait de son associé. Il promenait autour de la pièce un regard circulaire, et se souvenait du jour où il l’avait vue pour la dernière fois. Il y avait très-peu de changements dans l’aspect de ce sombre cabinet de la Cité. C’étaient toujours le même treillage en fil de fer devant la fenêtre et le même arbre solitaire sans feuilles dans la cour étroite. Les fauteuils de maroquin avaient peut-être été recouverts à neuf pendant ces trente-cinq ans, mais s’il en était ainsi ils s’étaient usés de nouveau. Le tapis de Turquie lui-même avait le même aspect noirâtre qu’à l’époque où Dunbar l’avait foulé avant son départ il y avait trente-cinq ans.

— J’ai reçu, samedi soir, votre lettre annonçant votre voyage à Londres et votre désir d’avoir avec moi une conversation particulière, — dit Balderby après une pause, — et j’ai pris tous les arrangements pour que nous ne soyons pas dérangés tant que vous resterez ici. Si vous voulez vous livrer à un examen des affaires de la maison, je…

Dunbar fit de la main un geste de dénégation.