Page:Braddon - Henry Dunbar, 1869, tome II.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
96
HENRY DUNBAR

dans son amour, et tous deux étaient trop forts pour laisser place à la colère.

Clément revint vers la fenêtre ; Margaret était encore debout à la même place où il l’avait laissée, mais elle avait mis son chapeau et ses gants, et était prête à quitter la maison.

— Margaret, — dit Austin essayant de lui prendre la main ; mais elle la retira, comme elle s’était éloignée de lui la veille dans le corridor ; — Margaret, une fois pour toutes, écoutez-moi ! Je vous aime, et je crois que vous m’aimez. Si cela est vrai, nul obstacle au monde ne pourra nous séparer tant que nous serons vivants. Il n’y a qu’une raison qui me ferait vous laisser partir aujourd’hui.

— Quelle est cette raison ?

— Dites-moi que j’ai été abusé par mon amour-propre. J’ai douze ans de plus que vous, Margaret, et il n’y a rien de très-poétique ni dans ma personne ni dans ma position sociale. Dites que vous ne m’aimez pas. J’ai de l’orgueil, je ne mendierai pas votre pitié. Si vous ne m’aimez pas, Margaret, vous êtes libre de partir.

Margaret inclina la tête et se dirigea lentement vers la porte.

— Vous partez… mademoiselle Wilmot !

— Oui, je pars… Adieu, monsieur Austin.

Clément lui saisit violemment la main.

— Vous ne partirez pas ainsi, Margaret, — s’écria-t-il avec chaleur, — non, pas ainsi ! Vous me parlerez ! vous me parlerez franchement ! Vous me direz la vérité ! Vous ne m’aimez pas ?

— Non, je ne vous aime pas.

— C’était une plaisanterie alors… une illusion… tout était mensonge et tromperie depuis le commencement jusqu’à la fin. Le sourire que je voyais sur vos lèvres était donc une moquerie ; quand vous rougissiez,