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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

Laura aimait les tableaux d’une façon superficielle et en amateur frivole, courant d’une toile à une autre, semblable à une abeille à l’esprit inconstant et qui est charmée par les myriades de fleurs d’un parterre sans fin. Mais elle s’arrêta devant un tableau qu’elle dit préférer à tout ce qu’elle avait vu dans la galerie.

Philip examinait des tableaux de l’autre côté du salon quand sa femme fit cette découverte. Elle courut immédiatement à son mari pour l’amener regarder cette toile. C’était une tête de jeune paysanne, œuvre exquise d’un jeune artiste moderne, et le baronnet approuva le goût de sa femme.

— Oh ! que je voudrais que vous passiez vous procurer une copie de ce tableau, Philip, dit Laura d’un ton suppliant ; — je voudrais en avoir une pour l’accrocher au mur de mon cabinet de toilette à Jocelyn’s Rock. Je me demande qui a peint cette charmante étude ?

Il y avait un jeune artiste qui travaillait avec ardeur devant son chevalet, et qui copiait un grand sujet religieux qui se trouvait placé près de la toile tant admirée par Laura. Philip demanda à ce jeune homme s’il connaissait le nom du peintre qui avait fait cette tête de paysanne.

— Oui, monsieur, — répondit le peintre avec une politesse empressée, — c’est l’œuvre d’un de mes amis : un jeune Anglais, dont la réputation est presque universelle à Paris.

— Et son nom, monsieur ?

— Il se nomme Kerstall, Frédérick Kerstall ; c’est le fils d’un vieux peintre, qui se nomme aussi Kerstall, et qui a eu une grande célébrité en Angleterre, il y a bien des années.

— Kerstall ! s’écria Laura avec ardeur ; M. Kerstall ! Mais c’est M. Kerstall qui a fait le portrait de mon père ; je l’ai entendu dire et redire à mon grand-