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HENRY DUNBAR

père, et il l’a emporté en Italie, en promettant de le rapporter à son retour après un an ou deux d’étude. Philip, je voudrais bien voir ce vieux M. Kerstall, parce que, voyez-vous, il se peut qu’il ait conservé ce portrait jusqu’à ce jour, et j’aimerais beaucoup à avoir le portrait de mon père alors qu’il était jeune et avant que les ennuis d’une longue vie l’eussent changé, — ajouta Laura avec une certaine tristesse.

Bientôt elle se retourna vers l’artiste, et lui demanda où demeurait M. Kerstall le père et s’il y avait moyen de le voir.

Le peintre leva les épaules et contracta ses lèvres d’un air méditatif.

— Mais, madame, — dit-il, — ce M. Kerstall le père est très-vieux, et il y a longtemps qu’il a cessé de faire de la peinture. On disait même qu’il était un peu en enfance, et qu’il ne se souvenait pas des circonstances les plus simples de sa vie. D’autres personnes affirment que sa mémoire ne lui fait pas défaut complètement, et qu’il critique encore très-sévèrement les ouvrages des autres.

Le peintre aurait continué encore plus longtemps sur ce sujet, mais Laura était trop impatiente pour être polie ; elle l’interrompit en lui demandant l’adresse de Kerstall.

L’artiste sortit de sa poche une de ses cartes à lui et y écrivit au crayon l’adresse demandée.

— C’est de l’autre côté de l’eau, madame, dans la rue ***, au-dessus du bureau d’un journal, — dit-il en présentant la carte à Laura. — Je ne crois pas que vous éprouviez de grandes difficultés à trouver la maison.

Laura remercia l’artiste, prit le bras de son époux, et s’éloigna avec lui.

— Je ne tiens pas à voir d’autres tableaux aujourd’hui, Philip, — dit-elle ; — mais je voudrais que vous consentissiez à me conduire immédiatement à l’ate-