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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

de le servir en tout ce qui serait en mon pouvoir, si insignifiant que pût être l’appui qu’il me demandait.

« — Alors je vais vous dire ce que vous pouvez faire. Je ne vais pas aborder le sujet sur lequel je veux les faire causer, tout d’abord, parce qu’ainsi je trahirais l’intérêt que je prends à cette affaire et gâterais mon jeu ; non pas que personne essayerait de me contrecarrer, vous comprenez, si l’on savait que je suis l’agent de police Henry Carter, de Scotland Yard. Ils seraient tous sur le qui-vive immédiatement après qu’ils auraient découvert qui je suis, et ensuite ils tenteraient tous de me servir. Voilà ce qu’ils feraient ; Tom me dirait ceci, Dick voudrait m’expliquer cela, et Harry se souviendrait de telle chose, et le résultat serait de troubler la tête la plus lucide qui ait jamais étudié un problème d’instruction criminelle. Mon jeu est de rester dans l’ombre et de me procurer tous les renseignements au moyen des autres. Je ne me livrerai à aucune importante question, mais j’attendrai tranquillement que le meurtre de Joseph Wilmot surgisse dans la conversation et je ne crois pas que j’aurai longtemps à attendre. Votre besogne est assez facile. Vous aurez des lettres à écrire, vous entendez, et aussitôt que vous m’entendrez, soit avec le patron, soit avec les garçons, comme cela peut être, causer du meurtre, vous vous mettrez à votre pupitre, et vous commencerez à écrire.

« — Vous voulez que je prenne des notes sur la conversation ? lui dis-je.

« — Vous l’avez deviné. Vous ne paraîtrez prendre aucun intérêt à la conversation sur Henry Dunbar et l’assassinat de son domestique. Vous semblerez plongé dans vos lettres, qui doivent être prêtes avant l’heure du courrier ; mais vous vous arrangerez pour recueillir le moindre mot dit par les gens de l’Hôtel