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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

mystères cachés dans les tiroirs de la commode. Je crois que l’habitude de l’observation était si puissante chez cet homme, qu’il observait involontairement les choses les plus insignifiantes.

« C’était un jour triste et désagréable, et je fus bien aise d’avancer ma chaise près du feu, et de m’y établir commodément pendant que le garçon alla chercher une bouteille de soda et pour six pence d’eau-de-vie pour mon compagnon, qui se promenait dans la chambre les mains dans ses poches et ses sourcils gris froncés.

« La récompense offerte par le gouvernement pour l’arrestation de l’assassin de Joseph Wilmot était la mise à prix ordinaire de la tête d’un meurtrier. Le gouvernement avait offert de payer cent livres à la personne ou aux personnes qui pourraient donner quelque renseignement qui permettrait de s’emparer du coupable ou des coupables. J’avais promis à M. Carter de lui donner, en outre, cent livres de ma poche s’il réussissait à résoudre le mystère de la mort de Joseph Wilmot. La récompense était par conséquent de deux cents livres, et c’était un enjeu assez joli et assez élevé, me dit M. Carter, comparé au salaire ordinaire de sa profession. Je lui avais donné l’engagement écrit de lui payer cent livres le jour même de l’arrestation du meurtrier. J’étais fort à même de remplir cet engagement, sans crainte d’être obligé de réclamer un service de ma mère, car j’avais économisé environ mille livres pendant les douze années que j’étais resté dans la maison Dunbar, Dunbar et Balderby.

« Je vis à l’aspect de M. Carter qu’il réfléchissait et très-sérieusement. Il but sa bouteille de soda et son eau-de-vie, et il ne dit pas un mot au garçon qui lui apporta ce breuvage populaire ; mais quand cet homme fut sorti, il vint se planter devant moi sur le tapis du foyer.