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HENRY DUNBAR

« — Je vais vous parler très-sérieusement, me dit-il.

« Je l’assurai que j’étais prêt à entendre tout ce qu’il pourrait avoir à me dire.

« — Quand vous vous servez d’un agent du service de sûreté, n’employez jamais un homme en qui vous ne pourriez avoir entière confiance, commença-t-il. Si vous n’avez pas foi en lui, n’ayez rien à démêler avec lui, car on ne doit pas lui confier les plus chers secrets de la famille, qui furent toujours regardés comme sacrés par un honnête homme, parce que c’est un misérable et que vous ferez mieux de marcher sans son aide. Mais quand vous avez mis la main sur un homme qui vous a été recommandé par des gens qui le connaissent bien, fiez-vous à lui et sans crainte. Ne lui racontez pas une partie de votre histoire en lui cachant l’autre ; parce que, voyez-vous, le travail fait dans le demi-jour ne vaut guère mieux que celui fait dans l’obscurité. Maintenant, pourquoi vous dis-je ceci, monsieur Austin ? Vous le savez aussi bien que moi : je le dis, parce que je sais que vous n’avez pas confiance en moi.

« — Je vous ai dit tout ce qu’il était absolument nécessaire que vous sachiez, lui répondis-je.

« — Pas le moins du monde, monsieur. Il est absolument nécessaire pour moi de tout savoir, si vous désirez que je réussisse dans l’œuvre que j’ai entreprise. Vous craignez de me donner votre entière confiance, sans réserve. Dieu vous tienne en paix, monsieur ; dans ma profession, un homme apprend à faire usage de ses yeux, et, quand une fois il a appris la manière de s’en servir, il ne lui est plus facile de les fermer. Je sais aussi bien que vous que vous me cachez quelque chose, bien que vous soyez à moitié résolu de vous fier à moi. Pendant que nous étions assis en face l’un de l’autre dans le wagon du chemin